J’ai eu l’occasion de croiser le travail de Philippe Dandonneau à plusieurs reprises, notamment lors de sa collaboration avec Geneviève Lauzon, dans le cadre de Quartiers Danses.
Je le retrouve aujourd’hui après sa résidence à la Chapelle, lors de laquelle il a créé le spectacle J’ai rasé mes jambes six fois and no sex happened, une performance dansée qui cherche à démonter les codes du masculin dans une esthétique pop et ludique. Sur scène, Philippe Dandonneau est accompagné de ses complices Sébastien Provencher et Claudia Chan Tak.
Des tableaux successifs mettent en tension les clichés associés à l’identité masculine. De la lutte grecque et ses connotations homo-érotiques à la déconstruction de la prérogative masculine d’uriner debout (quel délice de voir une femme marquer son territoire en urinant debout…), en passant par l’homme objectifié comme une chanteuse pop (une chorégraphie exécutée par les deux interprètes masculins dans leur plus simple appareil )…le spectacle ratisse large et s’attaque aux clichés et aux stéréotypes de l’homme dans l’imaginaire du spectateur, qui garde un sourire en coin tout au long du spectacle. Dans ce portrait très « masculin », la présence de Claudia Chan Tak vient brouiller les pistes, puisqu’elle peut être tour à tour la muse, l’amoureuse, mais aussi un homme…comme les autres. Par ailleurs, on retrouve dans le spectacle les caractéristiques du travail chorégraphique de Philippe : mouvements syncopés, travail au sol, force physique…et l’humour, aussi.
Le personnage du bûcheron devient ainsi la quintessence de l’homme rêvé, dans tous ses attributs actuels à la mode (barbe fournie, chemise carottée)…mais sait-il vraiment couper du bois, ce bûcheron? La pièce souligne aussi les combats intérieurs de l’homme, la force et le désir du paraître imposés par notre chère société de l’image et des médias. Pas étonnant donc, que les références au cinéma, à la télévision (duel à l’épée, cascades épiques) et à la musique pop créent un environnement familier, et rendent très accessible cette fantaisie pop et symbolique, qui, sans donner de leçon, ouvre la conversation sur les tourments de l’homme moderne de façon ludique et légère.
À voir à la Chapelle du 21 au 25 novembre 2016.
Crédit photo: Nans Bortuzzo
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