L’été à Montréal, les festivals fleurissent et investissement les lieux publics. Pour sa 12ème édition, Quartiers Danses continue de promouvoir la danse contemporaine dans les rues de Montréal afin de démocratiser la pratique et d’élargir les horizons du public. La Place des Festivals, au cœur du Quartier des Spectacles est un des lieux choisis pour accueillir diverses pièces de chorégraphes montréalais et d’ailleurs, un lieu particulièrement propice aux rassemblements de curieux, de passants. C’est là que j’ai rencontré la chorégraphe et danseuse montréalaise Geneviève Lauzon, ainsi que son partenaire Philippe Dandonneau, quelques minutes après une représentation de Moi|ioT, une duo qui traite de crise identitaire et de questionnements universels. Retour sur les coulisses d’un processus créatif et sur le festival Quartiers Danses.
Pouvez-vous nous parler de votre perception de la pièce Moi|ioT? En quoi le sujet de la crise identitaire vous a touchés?
Philippe Dandonneau : Quand Geneviève m’a approché pour le projet, la question de la pièce était de savoir comment on se perçoit. La pièce s’appelle Moi|ioT et touche aux réflexions que l’on a quand on est dans un lieu public. Les gens ont des réflexions par rapport à leurs vies, et on se questionne toujours un peu ce que les autres pensent de nous, comme si on essayait de s’imaginer la vie des autres. Et là, on est sur un banc, à représenter une rencontre. C’est comme si deux étrangers se rencontrent et qu’ils ont les mêmes questionnements, et même si c’est juste un passage, on est à l’écoute de l’autre. On se repose sur l’autre, on a besoin de lui mais en même temps, les autres vont et viennent, passent dans notre vie, nous apportent quelque chose. C’est comme ça que je l’ai perçu, c’est mon petit scénario.
Geneviève Lauzon : C’est un état qui est très intérieur, une sorte de grand tourbillon qui, paradoxalement amène un calme plat. C’est une montée, un étagement de questionnements et de réponses qui n’en finissent plus de s’entremêler ensemble, mais en même temps, ça amène un vide intérieur.
…Alors qu’on est en extérieur…
Geneviève Lauzon : Alors qu’on est en extérieur, oui. Mais le fait est que souvent, quand tu te promènes dans la rue, tu croises des gens qui vivent la même crise : qui suis-je, que fais-je, pourquoi? Et on cherche tous ces réponses-là quelque part, et je pense que personne ne les trouvera jamais. J’ai vu ça dans une pièce de théâtre, au théâtre la Chapelle, personne ne peut te dire le chemin à suivre, parce que dans le fond, personne ne sait où il va arriver. Le point final, c’est la mort pour tout le monde, c’est un peu dramatique…. Et jamais personne n’est revenu des morts pour nous dire quelle était la bonne façon de vivre.
La pièce a été développée spécifiquement pour Quartiers Danses?
Philippe Dandonneau : Oui, une vidéo de la pièce avait été tournée en novembre, présentant les 3 premières minutes, ce qui avait donné l’idée du développement de la pièce. On a laissé mariner ça, puis on a repris le travail en mai lorsqu’on a été sélectionnés pour le festival.
Comment avez-vous développé le langage chorégraphique? L’utilisation du banc, par exemple?
Geneviève Lauzon : Il y a deux volets à Quartiers Danses, intérieur et extérieur. On a d’abord présenté un essai en salle, donc c’est sûr que le rapport était très différent, c’était vraiment une représentation sur une scène. Je voulais travailler le poids, les appuis, la recherche d’un appui de quelqu’un à l’extérieur de ces questionnements-là. Je voulais des chaudières, et ce qu’il y avait en studio à ce moment-là, c’était un banc, alors on a commencé à explorer s/ur le banc et on a découvert des choses intéressantes. Donc on a continué dans cette direction.
Quelle différence y a-t-il pour vous entre une représentation en salle vs une représentation à l’extérieur?
Geneviève Lauzon : On m’a offert les deux quand j’ai appliqué à Quartiers Danses. J’ai choisi l’extérieur parce que j’ai trouvé que c’était plus approprié au thème de la pièce, dans le sens où je parle de la rencontre de deux inconnus qui se posent les mêmes questions, qui tentent de trouver des réponses dans le regard des autres qu’ils croisent. Je trouvais que dehors c’était mieux, car des gens seront là, on va les croiser. Dans l’idéal, on aimerait être plus près des gens, plus utiliser le public, peut-être dans un prochain volet…
Philippe est tout de même entré dans le public (sur les marches de la Place des Spectacles) pendant un solo.
Geenviève Lauzon : Oui, mais ça pourrait être encore plus que ça!
Était-ce prévu ou était-ce l’inspiration du moment?
Philippe Dandonneau : À chaque fois, ça dépend du lieu, les deux premières représentations étaient plus formelles, tandis qu’hier et aujourd’hui, sur la place des Arts, on a pu jouer avec le public et les marches. C’est le défi pour nous aussi de devoir gérer avec le public.
Le Festival Quartiers Danses existe depuis 12 ans, c’était un festival que tu suivais particulièrement? Pourrait-il être un tremplin?
Geneviève Lauzon : J’ai déjà participé à Quartiers Danses il y a trois ans, en tant qu’interprète dans un projet, et j’avais beaucoup aimé cette expérience-là. Quand Quartiers Danses a commencé, c’était seulement en extérieur, il n’y avait pas pas de volet en salle. Et j’avais beaucoup aimé le volet extérieur de la rencontre avec des gens qui ne connaissent pas forcément la danse, et qui sont surpris d’arriver sur des lieux où une représentation a lieu, c’est ce qui m’intéressait de ce festival. Et évidemment, on espère toujours que ça va ouvrir vers autre chose…
Quartiers Danses : du 12 au 20 septembre 2014
Crédit photo : Valérie Boulet
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