C’est l’auteure-compositrice canadienne Kyrie Kristmanson qui a eu le privilège d’incarner le retour d’une programmation musicale à la Chapelle.

Accompagnée du quatuor montréalais Warhol Dervish Quartet, Kyrie Kristmanson a présenté un répertoire inusité et oublié, celui des trobairitz (femmes troubadours) du Moyen-Âge, ces châtelaines esseulées qui s’occupaient du château laissé à l’abandon par leurs seigneurs partis à la guerre et qui célébraient dans leurs textes l’amour profane de leurs amants chevaliers, à une époque où la ferveur religieuse faisait rage.

De sa voix gracile, agile et enchanteresse, elle a charmé un public attentif. La découverte était totale pour beaucoup car la proposition musicale de Kyrie est un voyage, une aventure, comme elle s’amuse à le dire. Quelque part entre Loreena McKennit, Kate Bush et Dead Can Dance, la voix cristalline et le phrasé si particulier de Kyrie (désormais basée en France) ont ouvert un passage dans le temps, entre le XIIème et le XXIème siècles, et ont fait résonner des voix intérieures subtiles. Le talentueux accompagnement du quartet a fait le reste, faisant danser les cordes dans une harmonie enveloppante.

Toute en réserve et en écoute, cette hamadryade aux pieds nus au répertoire unique a jeté un sort hypnotique à l’assemblée.
Une artiste à découvrir d’urgence…histoire d’ensorceler le quotidien et le monde qui nous entoure.

Au théâtre La Chapelle les 6, 7 et 8 novembre 2017.
L’album de Kyrie Kristmanson,  Modern ruin est sorti au Canada il y a quelques semaines.

 

Crédit photo: Emma Picq