L’été dernier, j’ai lu un article de Josée Blanchette dans le Devoir, intitulé « Le temps des rustres ». La journaliste faisait un point sur le manque criant de douceur de notre époque après avoir lu Puissance de la Douceur, un essai de la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle. Comme le sujet m’avait interpellé, je me suis procuré le livre… Il a reposé sur une étagère jusqu’au début de l’année. Et j’ai bien fait d’attendre. Le moment était parfait, c’est ainsi que je voulais commencer l’année. Dans la douceur.
Je cherchais une voix qui explique pleinement ce que j’ai parfois du mal à définir mais que je sens profondément ancré en moi. Le bonheur de lire la force des doux et aussi pourquoi la douceur est devenue si mal perçue, malmenée, galvaudée. Anne Dufourmantelle présente avec la plus grande poésie la subtile géographie de ce territoire mouvant, prompt à disparaître sous nos yeux si on l’expose trop vite. Références philosophiques ou littéraires viennent nourrir le propos, sensible et pertinent.
Comme il était bon de se laisser bercer dans le flot des images de la fête sensible et de comprendre l’intelligence de la douceur, par la relecture globale de la vie sous ce prisme nouveau. Corps, esprit, intentions sont intimement liés dans ce processus, qui investit non seulement l’intime, le personnel et l’individuel, mais aussi la sphère politique. Par de courts tableaux successifs et thématiques, Anne Dufourmantelle explore différentes facettes de la douceur et en procède ainsi à la réhabilitation complète, comme force de création, de transformation, de conquête, loin des images détournées de la mièvrerie que notre époque véhicule parfois.
Faire une pause, prendre à revers ses certitudes et redécouvrir le fait que « la douceur est un rapport émerveillé à la pensée ». Assumer l’authenticité et la validité d’une démarche simplement humaine, la bienveillance, qui me tient tant à cœur. Surprendre et déstabiliser l’autre par un acte de douceur inattendu. Être doux sans être mou. Avec soi, d’abord.
Un hymne à contre-courant qui sonne terriblement juste.
Merci de la suggestion! Notre époque manque de doux. Et j’ajouterais de lenteur. S’il existait un club secret des adeptes du lent/doux, je m’y joindrais pour sûr.