C’est par courriel que j’ai reçu la nouvelle de la disparition de Sylvain, 47 ans. Le chum de mon proche ami André. Une histoire récente, à peine deux ans. Une renaissance douce pour André, un nouveau départ après la cinquantaine et une relation de 25 ans. Une deuxième chance offerte par la vie, qui souligne la beauté de choisir l’Autre pour ce qu’il est, une fois qu’on a compris que l’amour ne doit pas nécessairement faire mal quand il vous tombe dessus.
L’été avait été marqué par le début des inquiétudes. Souvent essoufflé, un problème au cœur, le cœur trop gros. Même son symptôme lui ressemblait. Quel comble pour un être qui ne connaissait pas la méchanceté. Pas un gramme. La première fois que j’avais rencontré Sylvain, je m’étais demandé s’il n’avait pas un problème de santé mentale. Était-il même possible qu’un être comme lui existe ? Eh oui. Le vrai gentil, dans le sens le plus noble du terme, le bienveillant au sourire doux. Je ne tombe pas dans le piège de la glorification d’une personne après son décès. Non, à ma grande surprise, la pureté d’âme de Sylvain et sa lumière était connue. J’étais heureux qu’André soit entouré d’autant d’amour.
C’est toujours rageant de voir quelqu’un de bon partir si jeune. Comme si c’était injuste. Cette pensée m’a rappelé un cours de philosophie sur Kant : il n’y a pas de lien analytique entre le bonheur et la vertu. Traduction, ce n’est pas parce qu’on est bon dans sa vie qu’on sera heureux. Sylvain a été bon et heureux. Trop peu de temps, sûrement. André m’a confié qu’il était parti serein, conscient de sa belle vie. Simple et douce.
Ce soir, c’était la cérémonie d’adieu à Sylvain. Amis, famille, rien de religieux, à la demande de Sylvain. Des textes, des chants, des collections de photos. Quel privilège de l’avoir connu… C’est dans la joie et dans son rire que je voudrais me souvenir de lui. Une leçon de bienveillance comme on en voit rarement. Sylvain était dans l’essentiel. Pas de matériel, pas d’envie de devenir riche, juste avoir son chien et son chat près de lui, sourire aux gens. Sylvain était animateur à la maison Jean Lapointe, il s’occupait des autres. Ça lui allait comme un gant. Il avait un temps envisagé de devenir fleuriste, le genre de métier où il aurait excellé, entouré de fleurs, l’expression de sa douceur, le futile si essentiel.
Je savais finalement peu de choses de Sylvain, mais cela importe peu.
Cette nouvelle, comme chaque décès, nous rappelle à la fragilité des choses. Si seulement on arrivait à comprendre comme il est précieux d’être et comme il est paradoxalement si vain de chercher pourquoi on est. À quel point ça n’a aucun sens, et à quel point il suffit d’être. Quand je serai grand, j’aimerais être comme Sylvain. Pour savoir revenir à l’essentiel, avec des fleurs, des amis, un verre de vin, de l’amour. Pour célébrer notre fragilité.
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