Je m’étais juré de ne pas te laisser trop de place. Dans ma vie, dans ma tête, dans mon blog. Mais il y a deux jours, j’ai lu le billet d’Éric Chandonnet sur Nightlife.ca, « Les Spécialistes » dans sa chronique Victime de la porn et je ne peux pas m’empêcher de commenter.
Êtes-vous déjà tombé sur quelqu’un avec qui vous viviez des trucs incroyables dans un setup précis (souvent au lit), mais quand vient le temps de former quelque chose de plus solide, c’est un désastre complet?
Vous avez beau essayer fort et souvent (et dans toutes les pièces de l’appartement), il y a une carence fondamentale qui bousille toute possibilité de couple sérieux. Les exemples de problèmes sont nombreux : irresponsable fini, mythomane ou toute autre manie, mode autodestruction à l’infini, etc.
La différence avec les autres échecs amoureux, c’est que ces foutus spécialistes arrivent à nous faire sentir quelque chose de vraiment fort. Un feeling qu’on retrouve rarement chez les autres. Ce qui fait que même si la relation n’a aucun semblant avenir, elle arrive quand même à clencher toutes les alternatives du présent.
Mon spécialiste, c’est toi. Ce n’est pas de ta faute, évidemment. Tout est dans ma tête à moi, sûrement. Et pourtant, on en est là. Quelques textos, quelques rencontres charnelles que tu as plaisir à te remémorer quand tu t’ennuies et que ta main descend pour froisser ton pantalon. Pas de quoi écrire un roman, finalement… Non bien sûr, mais c’était il y a deux ans et moi, je ne m’en sors pas. Je la réécris cette non-histoire, je la réécris souvent. Je n’ai tellement pas su gérer l’impasse de notre rencontre et ses incessants effets secondaires que je t’ai renommé « ma Kryptonite ». J’ai capitulé. La Kryptonite, une pauvre analogie de geek qui montre l’étendue des réactions pathétiques que je peux avoir lorsque je suis en ta présence. Genoux qui tremblent, game de bowling dans le ventre, toutes mes quilles à terre. Évidemment le timing était mauvais, les envies différentes et la chimie exceptionnelle. Mais ce regard que tu as posé sur moi. Ce regard qui m’a fait penser « je veux être désiré comme ça toute ma vie ». Pendant que toi, tu jouais, comme le font les spécialistes. Sans malice, je crois. Pas d’attaches, pas de vulnérabilité, pas le bon choix. Mais moi j’ai plongé. Trop vite, évidemment (mais comment faire autrement quand ça paraît évident?). Sans me/te laisser le temps de voir ce que cette rencontre pouvait donner, ni même penser qu’il y avait un terrain d’entente possible. J’ai réalisé après coup qu’il y en avait un. « Après coup », une fois que tout est gâché. Prendre une gifle et vivre avec.
J’ai voulu faire la paix avec tout ça, plusieurs fois. Peine perdue, mon ego ne le prend pas. Quand rien ne le laisse présager, au moment où je me détache, elle revient. L’envie de te voir, lancinante et vicieuse. Le rhumatisme d’un jour de pluie. Avec le temps, je me suis habitué à sentir le ressac de notre non-histoire, et j’avais presque atteint la sérénité, mais le corps a une mémoire tenace. Et l’addiction à ton venin ne se décide pas à me quitter. Et tu le sais, je pense. Sauf que dans l’histoire, Superman n’est pas addict à la Kryptonite, elle le terrasse, quand moi je t’overdose. Mais toi, tu joues encore. Tu te plais à venir chercher près de moi l’attention que tu as la certitude de trouver. Enfin, « près » est un bien grand mot. À distance. Par un texto rapide et venu de nulle part. Un poke « oui, mais » comme une aiguille qui trouve son chemin sous un ongle, là où la chair est sensible. Un texto qui me dit que tu serais bien rentré avec moi après cette soirée-là, mais qu’il est plus « raisonnable, sans doute de ne pas l’avoir mentionné ». Raisonnable. Tu raconteras tout ça raisonnablement au gars avec qui tu es aujourd’hui, celui qui a eu la patience de mériter tes faveurs, et qui doit marcher sur des oeufs 99% du temps pour ne pas te faire fuir. Ou le SMS pour « juste prendre des nouvelles » tout en me disant que tu as rêvé de moi et me rappeler à quel point nos ébats passés t’ont marqué. Des pokes sans conséquence, hein?
Mais récemment, après l’échange de trop qui m’a virtuellement garanti que je n’aurai plus de nouvelles de toi, j’ai voulu reprendre le contrôle, cher spécialiste. Choisir de sourire, de regarder vers l’avant. Employer les grands moyens d’un super héros des temps modernes : effacer le saint historique de nos échanges de mon téléphone, supprimer ton numéro pour être sûr qu’un message ne vienne pas brouiller les pistes un soir de beuverie quand je suis en manque de toi. J’en suis même venu à boycotter les lieux où tu pourrais être. M’empêcher de fonctionner normalement pour fuir la Kryptonite. Mais passer dans ta rue en vélo, le soir, en retenant mon souffle et espérant te croiser…ou ne pas te croiser, je ne sais toujours pas. Je me suis même nourri de colère, tu sais, en te diabolisant, parce qu’avec toi, l’indifférence est impossible. Mais soyons clairs, je suis un doux, la haine, ça ne marche pas dans mon système. Et (essayer de) te haïr, c’est injuste, ce n’est pas honnête intellectuellement, et dans le fond, c’est encore te laisser une place. Et c’est le problème des spécialistes. Avec eux, il n’y a pas de paix, pas de raison, pas de sens. Tu dois accepter l’échec de la rencontre, l’impossibilité de transformer l’essai. Vivre avec ce que tu perçois comme l’ébauche d’un chef-d’œuvre, mais qui ne passera jamais à la postérité. T’en vouloir aussi, de ne pas avoir compris que tu aurais dû laisser le temps à la rencontre de (peut-être) devenir autre chose. Et respirer les émanations toxiques de ta blessure, que tu rouvres de temps en temps pour voir comment elle guérit. Et après? Attendre que le temps fasse son effet? Courir après tous les premiers venus? Faut-il se contenter de moins et choisir le beau tiède équilibré?, comme l’écrit Éric Chandonnet.
Ça fait des mois que j’ai commencé ce texte. Il dormait en mode brouillon dans mon WordPress, attendant sagement le moment où j’aurais fait la paix, où je pourrais l’effacer avec la fierté de l’alcoolique qui fête son premier anniversaire de sobriété. Désintoxiqué et libre d’agir, connaissant ses limites et ses faiblesses. Mais le temps passe et je n’ai pas encore trouvé de remède à la Kryptonite. Je reste tout croche de toi, comme ce texte. Dans le fond, peut-être faut-il juste être un vrai super héros pour vaincre le poison, l’addiction, la nostalgie, accepter les regrets et le manque. J’aurais voulu être Superman.
C’est le plus vrai et puissant texte que j’ai lu sur le sujet. J’aurais aimé l’écrire. Mais j’ai la face encore trop dedans ce gâchis. Pourtant juste 8 mois et ne pas encore changer de disque et l’écouter encore et encore alors que ça ne raconte pas l’amour mais la dépendance. Merci.
Ce phénomène s’installe petit à petit avec des cycles plus ou moin régulier.Quand tu prends tes distances,il reviens.la façon de traiter ces schéma de répétitions,est de prendre conscience avec dicernement que pour certaine personnes ces juste une game qui n’en fini pas.Par la suite avoir des projets et des objectifs clair et allé de l’avant un point c’est tout
Ce phénomène s’installe petit à petit avec des cycles plus ou moin régulier.Quand tu prends tes distances,il reviens.la façon de traiter ces schéma de répétitions,est de prendre conscience avec dicernement que pour certaine personnes ces juste une game qui n’en fini pas.Par la suite avoir des projets et des objectifs clair et allé de l’avant un point c’est tout