La Chapelle accueille ces jours-ci une création de danse contemporaine : le duo formé par Clara Furey et Peter Jasko interprète une rencontre, profondément humaine, et son développement face à l’hostilité d’un monde inconnu et sombre.
L’espace vide de la scène donne immédiatement le ton à la pièce : c’est dans une pénombre omniprésente que les deux interprètes vont littéralement « naître » et tenter de se construire et d’occuper l’espace et ses limites.
Portés par une chorégraphie du spasme, de la contraction et du tremblement, dont l’exécution est impeccable, les deux interprètes présentent avec brio un travail au sol qui permet d’explorer les limites de l’espace scénique, dont les murs deviennent des appuis brillamment utilisés et marqués, telles des frontières invisibles.
L’environnement musical de Tomas Furey, dont le « beat » parfois assourdissant occupe une grande partie de la pièce crée une tension permanente et riche, le bruit de fond constant d’un monde hostile difficile à pénétrer. Les jeux de lumière jouent également un rôle prépondérant dans la pièce, un habillage complexe et maîtrisé qui apporte résistance et limites à l’espace.
La rencontre entre les deux interprètes commence en position fœtale et va se développer tout au long de la pièce, dans une linéarité d’événements quelque peu attendus (la construction de la maison, la naissance de l’enfant), et c’est peut-être par ces mécanismes de croissance qu’on reconnaît le fil rouge du « conte » cité en titre, bien que décousu. Collés au sol puis s’élevant graduellement tout au long de la pièce, les deux humains perdus se cherchent, se rassurent, se quittent, se retrouvent et essaient de dessiner les contours de leur propre espace intérieur, dans une recherche de sécurité face à une instabilité externe.
Crédit photo : Marlène Gélineau Payette
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