Le MAI accueille du 10 au 14 octobre le solo Omi Mouna (ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère) de l’auteur belgo-tunisien Mohsen El Gharbi.

Entre stand-up et conte traditionnel, Mohsen El Gharbi invite le public à partager sa quête identitaire par l’entremise de sa rencontre avec son arrière-grand-mère tunisienne, à l’occasion d’une plongée dans le passé difficile d’une femme née au début du XXème siècle dans une Tunisie agricole et lourde de ses traditions.

Seul en scène, sans décor ni artifice, le conteur embarque son public complice dans un voyage fantastique dans le passé de Mouna.

Dès le début du monologue, on comprend que le père de l’auteur a été une figure difficile, sujet à la violence. Dans une tentative de se réconcilier avec une identité floue après le décès de son père, Mohsen El Gharbi se lance dans une folle aventure sur les traces de l’histoire de la grand-mère de son père, seul lien encore existant avec un pays d’origine qu’il connaît finalement très peu. Grâce à son fabuleux talent de conteur et avec un humour communicatif, il transcende l’héritage de la violence et raconte avec une tendresse infinie la « petite » histoire d’une femme ordinaire qui définit en filigrane l’héritage précieux qu’elle lui a légué.

Et c’est là que tout se joue: partagé entre son européanité de fait et un héritage arabe qu’il cherche à reconquérir, l’auteur questionne la transmission de l’histoire familiale, perdu dans une langue qui, elle, ne lui a jamais été transmise. Évoquant entre autres la difficile condition des femmes tunisiennes face à la violence d’une société dominée par les hommes, Omi Mouna demeure cependant un spectacle tendre, drôle et attachant dont la pertinence réside dans le formidable talent de conteur du comédien, doté d’un pouvoir d’évocation très maîtrisé. Le spectateur n’a d’autre choix que d’embarquer dans cette aventure sensible et authentique malgré sa fantaisie, et voyage aisément dans des paysages méditerranéens et dans le coeur de personnages plus vrais que nature, au gré des images créées par les mots du comédien.

Un voyage identitaire bien senti dont on ressort avec un sourire bienveillant.

 

Omi Mouna, de Mohsen El Gharbi
Présenté du 10 au 14 octobre 2017 au MAI (Montréal, Arts Interculturels)
Crédit photo : Alex Paillon