Présentée à la Chapelle du 1er au 5 novembre, la pièce Nina, c’est autre chose est l’adaptation d’un texte de l’auteur français Michel Vinaver, mis en scène par Florent Siaud, avec Eric Bernier, Renaud Lacelle-Bourdon, Eugénie Anselin et le duo de tango Doble Filo.
Nina c’est autre chose, c’est simplement l’histoire d’une parenthèse enchantée que vont vivre deux frères routiniers, dans la quarantaine, lorsque la jeune Nina vient faire irruption dans leur quotidien de colocataires, et chambouler leurs habitudes, le temps de l’été 1976, à Paris. Nina, qui fréquente Charles (l’un des frères) emménage dans l’appartement de la fratrie et change complètement la dynamique relationnelle, puisqu’elle finit par séduire l’autre frère par sa fraîcheur. S’installe alors une sorte de trio amoureux à la Jules et Jim, qui vient perturber les habitudes des protagonistes et ouvre leur horizon vers un autre possible.
Composé de douze tableaux éclatés, ce huis-clos se place sous le signe du quotidien, où chaque tableau s’inscrit dans l’événement d’une journée. Une série d’instants pris sur le vif, qui démontrent la transformation rapide des mentalités des deux frères, pris entre l’ouragan Nina et les maux de leur époque : crise économique, relations de travail abusives, émergence du racisme… Si les dialogues reflètent certains de ces aspects, particulièrement celui du travail, ils se mêlent allègrement avec les mots du quotidien, dans un tourbillon de sujets décousus, mais prompts à déclencher une réaction en chaîne de réflexions de toutes sortes.
Toutefois, c’est indéniablement autour de la liberté de ton, de pensée et de corps de Nina que tourne la pièce, dans une folle ouverture à l’autre, incluant le public, puisque le 4ème mur est allègrement traversé par les comédiens. Placée sous le signe de l’action et de l’irrévérence, la mise en scène va jusqu’à souligner ouvertement les changements de costumes et de décor (réalisés par les comédiens) qui font partie de la dynamique très physique du trio, qui se retrouve également dans le développement d’un nouveau rapport au corps et à la sensualité, comme lors de ce bain à trois…
À cette fable de mœurs légère et lumineuse s’ajoute enfin le choix judicieux du metteur en scène d’introduire des parties dansées (au son d’un excellent duo live, Doble Filo) qui servent d’amplificateur aux sentiments des personnages et nourrissent le grain de folie qui émane du spectacle. Un grand tourbillon de légèreté.
Crédit photo : Julien Benhamou
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