Ces jours-ci, la Place des Arts accueille le retour de Minus One à Montréal, l’une des pièces phares du répertoire des Grands Ballets. Ce spectacle d’Ohad Naharin a été intégré dans le répertoire de la compagnie montréalaise en 2002 et fait le bonheur du public depuis cette date.

Minus One, c’est un patchwork d’extraits de sept pièces différentes du chorégraphe, qui réussit le pari de l’unité, malgré la diversité des tableaux présentés. Des chants traditionnels hébreux au mambo, en passant par le classique, la musique joue un rôle clé dans cette pièce haute en couleurs, qui est une ode à la liberté du danseur. La succession rapide des tableaux garde le public en haleine et ne permet pas de s’ennuyer : des tableaux courts, d’autres plus longs, parfois des solos, des duos, des groupes, la richesse de la structure du spectacle impose un rythme enlevé, particulièrement accessible.

Particulièrement accessible, Minus One offre aux danseurs l’occasion d’explorer le mouvement dans toute sa force et sa subtilité, avec une touche d’humour toujours appréciée par un large public. Minus One déclenche une myriade d’émotions, et le public est conquis et enthousiasmé chaque soir. J’ai rencontré Hervé Courtain, premier soliste de la compagnie, après la représentation du 24 mars, pour échanger quelques mots sur le travail de création de Minus One.

Que retiens-tu de Minus One?
Le plus difficile, c’est que ce n’est pas du tout classique. C’est une méthode qui s’appelle la méthode Gaga, qui a été inventée par Ohad Naharin, le chorégraphe, et c’est basé sur des formes de mouvement que tout le monde peut faire : relaxer les tensions, un travail sur la respiration…et qu’on a appris à faire avec lui quand il est venu à Montréal.

C’est un gros changement par rapport à votre travail habituel!
Oui, c’est un gros changement. D’ailleurs, avant le show, on ne travaille pas à la barre. En général, les danseurs ont des écouteurs, et chacun écoute sa propre musique, et on fait des impros, on se roule par terre, on shake…

Et ça te plaît?
Ben oui, c’est le fun. C’est moins de stress aussi, parce qu’il n’y a pas de règles, il n’y a pas de faux, de juste / pas juste quand tu fais Minus One. C’est juste les intentions, ce que tu ressens, c’est la qualité du mouvement. Ohad Naharin parle toujours de texture du mouvement. Tu n’es pas dans la forme, mais dans le ressenti, contrairement au classique où tu es dans la forme.

Oui absolument! D’ailleurs, au moment où il y a les lignes de danseurs qui avancent (un tableau dans lequel les danseurs marchent sur une ligne perpendiculaire à la scène, et dont certains danseurs se détachent pour offrir de courts solos avant de rentrer dans le rang – voir photo. N.D.L.R.), tout ça, ce sont des impros, donc ce ne sont pas des choses établies, ça change tous les soirs, ce sont les danseurs qui improvisent. Il leur a donné des clés, en disant « pensez à ce que ça explose par moments, à ce que ce soit petit ou grand, qu’il y ait des moments de silence ». Et après les danseurs font ce qu’ils veulent…

Et c’est une pièce qui est facile à transporter en tournée!
Eh oui, parce qu’il n’y a que des chaises à prendre en tournée (référence au tableau d’ouverture, N.D.L.R. )! C’est une pièce qu’on a emmenée partout dans le monde, c’est très accessible, grand public et toujours un succès.

Minus One – Place des Arts – jusqu’au 1er avril 2017
Crédit Photo : John Hall (danseur: Karell Williams)