Invités d’urgence par leur mère vieillissante, un frère, ses deux soeurs et le conjoint de l’une des deux se retrouvent pour un brunch familial au cours duquel des révélations vont égratigner les certitudes et les perceptions que chacun avait des autres membres de la famille. Ce qui aurait pu être le scénario d’un drame familial en huis-clos donne en fait lieu à une réjouissante séance collective de questionnements sur la notion de vérité sur fond de conflit inter-générationnel.
Toute en espièglerie, Dorothée Berryman campe une femme âgée, pétillante de nouveaux projets et d’envies, libérée d’une vie passée à cuire des pommes de terre pour le père des enfants, récemment décédé. Elle prend un plaisir jouissif à écorner les perceptions et les souvenirs de ses enfants, aussi bien de ses deux filles, qui s’occupent d’elle au quotidien (Maman, as-tu pris tes pilules?), que de son fils prodigue, l’original de la famille, qui a passé des années à l’étranger et la soutient dans ses choix.
Quel bonheur de voir se croiser des personnages qui se parlent sans se comprendre, qui s’entendent sans s’écouter, qui ne savent pas sortir de leur rôle, chacun enfermé dans la forteresse de ses certitudes. Les enfants d’Adam est une pièce qui questionne ouvertement le langage, dans son incapacité à saisir le vrai. Les dialogues sont remplis d’humour et d’une tendresse douce-amère – on rit beaucoup à voir le capharnaüm que provoque chacune des révélations de cette femme qui reprend sa vie en main. C’est d’ailleurs là que la danse intervient, comme un autre moyen d’exprimer son caractère, ses contrariétés et ses joies, qui révèle ce que les mots ne peuvent pas exprimer.
Portrait d’une famille imparfaite au bord de la crise de nerfs, cette critique ouverte de la parentalité constitue un témoignage attachant et lumineux du fait qu’on ne connaît jamais vraiment ceux qui nous sont le plus proches. Lumineuse et pleine d’entrain, la pièce, mise en scène par Luce Pelletier, est un bonbon pour notre enfant intérieur et une belle leçon de vie et de lâcher prise.
Une pièce de l’auteure islandaise Audur Ava Ólafsdóttir.
Théâtre de l’Opsis
À voir au Studio Hydro-
Crédit photo : Marie-Claude Hamel
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