Le gratin du théâtre québécois s’était donné rendez-vous à la Licorne pour assister à la première du Dénominateur commun, pièce écrite par François Archambault et Emmanuelle Jimenez. Le concept : faire se rencontrer deux mondes et provoquer une réaction quasi chimique. En effet, les deux auteurs dramatiques se sont entretenus avec quatre scientifiques ou savants : un généticien, une théologienne, un psychologue et un physicien des particules. Tout ça pour répondre aux questions que chacun se pose (ou devrait se poser…) : qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? Vaste ambition que celle-ci.
Par une succession de saynètes imaginées par le metteur en scène Geoffrey Gaquère, le propos est porté par 4 acteurs brillants qui partagent leurs multiples questions sur le sens à trouver au grand mystère de la vie et de l’existence. Si la pièce réussit à ancrer les questionnements existentiels dans des situations de vie dans lesquelles chacun peut se reconnaître (la femme qui observe les hommes dans le métro en se demandant avec qui elle s’accouplerait s’il ne restait qu’un homme sur terre, pour préserver l’espèce…), elle s’adresse principalement au cerveau.
Statistiques et questions fusent, sur des sujets mal connus de la plupart d’entre nous, où les certitudes sont parfois remises en cause. Le rire, qui est au rendez-vous, se fait cathartique et libère quelque peu les angoisses engendrées par cette soudaine synthèse de l’Inconnu. Qui savait que la matière est faite à 99% de vide? Comment transiger avec le fait que je suis composé des mêmes atomes que cet Autre, mais que nos individualités sont différentes? On se sent soudainement bien petit dans cet univers qu’on ne comprend pas toujours. Sens de la vie, big bang, nature et vide, absence de Dieu, sélection naturelle sont autant de thèmes qui se côtoient dans cette tempête pour le cerveau. On adore la recherche de la nouvelle phrase mnémotechnique pour se souvenir de l’ordre des planètes après le déclassement de Pluton : « Ma Vie Tangible Miroite Jusqu’à S’étendre Ultimement Nébuleuse ». Les fans de connaissance apprécieront ce moment de théâtre très cérébral, et malheureusement un peu déconnecté du cœur, mais qui n’offre (heureusement) aucune réponse. Keep asking!
Photo: Davis Ospina
Laisser un commentaire