Après un premier essai (réussi) aux Katacombes en avril dernier, le collectif Burlesgeek Montréal revient le 6 octobre prochain pour une seconde édition de son show burlesque geek, dans une salle plus grande, la Sala Rossa.. Aux manettes de cet événement d’un genre nouveau à Montréal, on trouve Lucie, dite Lulu les Belles Mirettes, ingénieure en matériaux le jour et performeuse burlesque et fondatrice du collectif Burlesgeek Montréal. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Lulu les Belles Mirettes autour d’un café à quelques jours de cette deuxième édition. (Beaux) morceaux choisis.

Avec leur concept « Heroes and Boobs », les artistes de Burlesgeek Montréal bousculent les codes du burlesque traditionnel et franchissent la frontière de l’humour, grâce à une série de performances hautes en couleurs, qui permettra aux passionnés de séries B, jeux vidéo et autres films cultes de découvrir ce courant du burlesque underground, qui n’était pas encore présent à Montréal. « Le « nerdesque » existait ailleurs, à Toronto, Ottawa, New York, chaque ville a sa troupe geek. Mais à Montréal, il n’y en avait pas, et ce n’est pas vrai qu’ici, personne ne veut voir ça! Alors j’ai lancé le collectif Burlesgeek Montréal, en lien avec mes propres numéros, mes affinités. Je ne propose pas de burlesque traditionnel avec éventail et boas, je préfère le contemporain, ce que je fais s’inscrit vraiment dans la pop-culture » confie Lulu. Depuis quelques années, le burlesque revient en effet sur le devant de la scène. À Montréal, les cours de burlesque « traditionnel » se développent. C’est d’ailleurs par là que Lulu a commencé sa carrière, après avoir vu le documentaire « A wink and a smile » (2008). Mais elle s’est rapidement lassée de l’aspect contemplatif des shows classiques et y a ajouté des éléments geek plus proches de ses propres intérêts. « Si quelqu’un me dit que ce que je fais n’est pas assez classique, je lui dirais ce n’est pas chez moi que tu devrais venir, il y a des très bons spectacles classiques en ville. Nous on fait ça justement pour ne pas être classiques! On se pitche par terre et on saute partout, on s’habille en Rambo et on rampe sur scène! » déclare Lulu, qui assume toute sa geekness.

Le spectacle proposé par le collectif Burlesgeek Montréal à la Sala Rossa, « Burlesgeek #2, Back in action » présentera un enchaînement d’une dizaine de numéros burlesques de 4 minutes chacun, exécutés par des artistes telles que Penny Romanoff, Sucre à la Crème, Lady Cœur de Lyon ou Cherry Taiphoon entre autres. Nous ne sommes pas une troupe à proprement parler, toutes les performeuses qui étaient dans le premier show ne seront pas forcément là, il s’agit plutôt d’artistes invitées. On se croise dans les festivals, on regarde nos numéros respectifs et hop, on décide de s’inviter à nos shows. Cette fois, on sera 6 ou 7 filles, avec un ou deux gars qui nous servent de male props« , explique Lulu avec un large sourire. Contrairement aux attentes des amateurs du burlesque classique, l’attention est ici portée sur l’originalité des costumes, des accessoires et de la musique, sur des thématiques propres au public niche attendu à l’événement. On passe ainsi de Mortal Kombat à Zelda, de V for Vendetta à Superman, pour ne citer que ceux-là.
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« Quand on fait autre chose que du classique, il faut que le numéro soit fort. Mortal Kombat plaît beaucoup, même aux amateurs de burlesque classique, ça rappelle aux gens leur jeunesse…dès les premières notes de musique, c’est quasiment gagné d’avance, mais j’aurais du mal à proposer certains autres numéros dans un show classique, car le référentiel est moins fort » explique Lulu.

Même l’effeuillage, si cher au cœur des fans de burlesque, devient presque accessoire puisque c’est l’humour et l’originalité de la mise en scène du numéro qui sont au cœur des performances. « Pour ce qui est de la nudité, chaque fille fait comme elle veut, dans certains numéros, je n’enlève pas ma brassière car ce n’est pas le punch que je souhaite donner au final », avoue Lulu.
Le renouveau du genre passe également par une utilisation de la technologie, qui est une des marques de fabrique du collectif, qui repose principalement sur un axe « familial » composé de Lulu et de son frère. « Notre particularité est que l’on a un écran de projection au fond de la scène. Il y a des projections avant le show, et à l’entracte. J’ai même fait un numéro dans lequel j’interagissais avec l’écran lors du Burlesgeek #1. ça offre pas mal de possibilités. Pour le #2, il y aura un bras de fer de filles, on a tourné des petits clips pour chaque fille, comme ceux des lutteurs, et ça sera notre bande annonce. Mon frère monte les vidéos, il a souvent de bonnes idées, et il fait aussi du stop motion. » Le public baigne donc dans un univers familier, aux références fortes, avec humour. D’ailleurs, le spectacle requiert la complicité et l’intervention du public, une des clés du succès du concept nerdesque, selon Lulu. « Si le public se tait, c’est très mauvais signe pour moi, mes numéros demandent de l’interaction. D’ailleurs, on ne se prend pas au sérieux, et le public devient très souvent le complice volontaire de nos numéros. Quand Sucre à la Crème incarne Link (du jeu vidéo Zelda), elle se fait jeter des poulets en caoutchouc sur scène par les premières rangées de spectateurs. » Les amateurs de Zelda (dont je fais partie) apprécieront la référence.

Après ce second spectacle à la Sala Rossa, toujours auto-produit, Lulu se prépare pour le spécial Marvel, prévu en janvier 2014. « Nous sommes aussi en pleine préparation du spectacle du printemps, sur la thématique Star Wars – dont la date est évidemment le 4 mai » précise-t-elle avec malice. Pour les initiés, cette journée est emblématique de la saga de George Lucas et célébrée internationalement sous le nom de « May the 4th be with you » (ha ha). « Mon but ultime, c’est le Rialto, parce qu’on peut mettre un écran au fond de la scène et c’est tellement beau mais c’est encore une salle trop onéreuse pour nos moyens ». Réussir à produire un spectacle de burlesque geek dans ce lieu mythique, ce serait un peu un retour aux sources du glamour pour le jeune collectif de sexy geekettes. Pour le moment, il leur faut encore conquérir la Sala Rossa, le 6 octobre prochain pour un spectacle qui promet d’être délirant. Gageons que ce pari pourra être facilement gagné, car lorsque les pin-up contre-attaquent, rien ne leur résiste.

Burlesgeek #2. Back in action, à la Sala Rossa, le 6 octobre 2013, 19h30.