À l’occasion des 25 ans de la compagnie Daniel Léveillé Danse et des 40 ans de carrière du chorégraphe, la Chapelle propose une rétrospective de deux de ses pièces phares: Amour, acide et noix (du 12 au 14 décembre) et La pudeur des icebergs (15 au 17 décembre).

La première représentation d’Amour, acide et noix pour ce nouveau cycle a eu lieu hier soir, devant un public nombreux dans la relative intimité du théâtre La Chapelle.

Dès les premières minutes, la nudité intégrale des quatre interprètes (3 hommes, une femme) fascine. Une nudité qui se veut hommage au corps et qui ne comprend aucune connotation graveleuse. Le ressenti ici est plutôt celui d’une mécanique du corps qui se performe et s’apprend, soutenu par les Quatre Saisons de Vivaldi. L’éclairage souligne les muscles, les tendons, les tensions, les formes dans une pureté et une innocence presque enfantines.

Tout au long de la pièce, solos et duos s’enchaînent : chaque interprète révèle son identité, sa particularité mais aussi sa solitude lors de solos qui reprennent le même langage chorégraphique et les mêmes séquences. Lors des duos, ce sont les portés qui marquent le plus, et la recherche de contact et de tendresse avec le corps de l’autre. Le travail autour de l’équilibre et de la stabilisation est admirable. Dans leur plus simple appareil, les interprètes s’élancent en l’air puis retombent lourdement, les deux pieds au sol.
Cette philosophie de l’élévation portée par les sauts et le souffle contraste avec le bruit des lourdes réceptions, le retour à la condition humaine et à la terre, en un sens. Cependant, c’est dans ce contraste qu’il faut fouiller, dans le mouvement répété, imparfait et maîtrisé, dans cette exploration fragile de l’identité et de la nature humaine, où va se loger le beau et le bon. On se souviendra avec émotion d’un tableau en particulier, celui qui est accompagné de chants d’oiseaux, et où l’on voit les interprètes debout, chacun sous un projecteur, ouvrir leurs bras graduellement, dans un mouvement quasi-imperceptible maitrisé à la perfection. J’ai ressenti une chaleur, un bien-être à être accueilli de la sorte, par des bras ouverts.
On ne peut être que dans le vrai avec Amour, acide et noix, un corps ne peut pas mentir lorsqu’il est nu. Une pièce qui offre un supplément d’âme nécessaire. À voir absolument.

Daniel Léveillé / Amour, acide et noix + La pudeur des icebergs


Crédit Photo : John Morstad