C’était prévisible. Une pièce intitulée Les dévoilements simples (Strip-Tease) ne pouvait qu’attirer les foules curieuses et avides de nudité. C’est donc devant un théâtre de la Chapelle rempli que les 15 acteurs ont présenté la dernière pièce de Félix-Antoine Boutin. Et contrairement aux attentes, c’est la simplicité qui a primé sur le strip-tease. Simple comme la nudité humaine, sans connotation pécheresse ou honteuse.

C’est dans une sorte de jardin d’Eden, incarné par une pelouse aux herbes folles parsemée de plantes en pot que se sont succédé les différents saynètes et tableaux de dévoilement. En fond de scène une paroi transparente abrite les acteurs lorsqu’ils ne sont pas en train de participer à un tableau. On montre ici les coulisses et les changements de costumes. Ce mécanisme scénographique souligne le travail de l’acteur. L’acteur dans son plus simple appareil, dans une métaphore de la « mise à nu », sous l’œil amusé d’un public hilare, curieux et légèrement émoustillé.

Le nu est ici tantôt stoïque, tendre ou légèrement empreint de désir mais il ne se fait jamais scabreux, ni vulgaire. La nudité est montrée et dédramatisée, parfois jusqu’au loufoque. Dans la succession des saynètes, ce qui domine, c’est la grande déclaration d’amour à la peau, au contact humain, à cette poésie qui transparaît de chaque acteur, et qui se loge dans la fragilité d’une mise à nu humble. Ce grand tableau naturel pousse le spectateur à relativiser ses attentes lubriques et préfère une nudité joyeuse et bucolique à la facilité d’un érotisme de bas-étage. C’est donc dans une ambiance bon enfant que la pièce se déroule, comme lors de ce strip-tease à distance, dans lequel un comédien décrit sa mise à nu en direct à une interlocutrice au téléphone qui n’avait visiblement pas été prévenue du contenu du numéro… Hilarité générale !

En bref, on a ri, on a été touché, émoustillé, et on a surtout fait appel au ludique en soi, à ce petit rire niais et quelque peu gêné, qui finit par être tout simplement complice, dans une grande communauté d’humains, loin du carcan du sacré et de la bienséance, et des diktats physiques de notre époque (même si la majorité des comédiens ont des physiques plutôt avantageux…). Libérateur!